Originaire de l'Extrême-Orient, elle gagne le bassin méditerranéen et le monde arabe, où les croisés la découvrent et y prennent goût. Elle a été implantée assez tôt aux Canaries, puis à Haïti. Il faudra attendre 1640 pour qu'elle soit introduite en Guadeloupe par Jean Aubert et en Martinqiue par Du Parquet en 1650. Ce sont des Israélites hollandais chassés du Brésil qui perfectionnent la fabrication du sucre en Martinique et c'est le Père Labat qui améliore certaines techniques de transformation de la canne à sucre en rhum. La création par Colbert des premières raffineries à Bordeaux et Nantes oriente la Martinique vers la monoculture de ce produit, et l'intensification de la production entraîne des besoins si grands en main-d'oeuvre qu'on doit recourir à l'esclavage.

     La floraison des cannes, qui s'appellent alors des "flèches", a lieu de février à mai. Elle couvre de l'ordre de 8 000 hectares des terres labourées de l'île sans que sa répartition géographique soit très précise. La mécanisation a fait son apparition, mais elle ne s'applique pas sur tous les terrains.

     Une fois à l'usine la canne est déchargé et passé entre les cylindres d'un moulin. On obtient ainsi un jus impur qui est ensuite clarifié et cristalisé.

     Après être passée au moulin et à la sucrerie le jus qui subsiste d'un troisième passage de la canne au pressoir n'est plus cristallisable mais fermentescible : c'est la mélasse. Après fermentation et distillation, on obtiendra un alcool pur appelé "rhum industriel". Ce rhum qui est celui vendu dans le commerce n'a rien à voir avec le rhum agricole obtenu à partir du jus de canne pur, le "vesou". Le vesou est filtré, fermenté et distillé. On obtient un alcool noble appelé "grappe blanche". Vieilli en fût de chêne, on obtient le rhum vieux.